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18 oct. 2021
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USA: l'industrie textile face aux relocalisations prônées par Joe Biden

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18 oct. 2021

Le président des États-Unis a appelé le 13 octobre les entreprises américaines à investir dans la relocalisation industrielle (onshoring) ou dans la production de proximité (nearshoring), afin de réduire la dépendance aux importations lointaines. Une prise de position aujourd'hui saluée par la National Council of Textile Organizations (NCTO). Qui, comme d'autres filières, fait face à une raréfaction des matériaux et à une hausse des coûts de transport. Sans oublier une crise locale de la main d'œuvre.


Joe Biden - Shutterstock



"Si un soutien fédéral est nécessaire, je dirigerai toutes les actions appropriées, et si le secteur privé n'intervient pas, nous allons les interpeller et leur demander d'agir", a fait savoir Joe Biden aux représentants de l'industrie, du retail et des transports, à l'occasion d'une conférence en ligne tenue depuis la Maison Blanche. Échange qui intervient un an après que le candidat Biden promette à la fois la carotte et le bâton aux entreprises américaines produisant à l'étranger.

La position de la Maison Blanche n'a pas tardé à emporter l'enthousiasme de l'industrie textile américaine, pour qui la course aux délocalisations à "tiré vers le bas" l'ensemble du secteur. Et prend à témoin les infirmières new-yorkaises, contraintes pendant la crise de travailler avec des sacs poubelles aux mains, le pays étant dépendant des gants médicaux produits en Chine.

"La Chine, avec son pouvoir quasi-illimité de fixer des prix irréalistes, associé à ses subventions et à l'absence de normes environnementales applicables, réduit les avantages et compromet les objectifs politiques, et nous place dans une situation intenable de dépendance excessive vis-à-vis d'une chaîne d'approvisionnement étrangère pour les produits et les matières premières essentiels", pour Kim Glas, présidente du NCTO. "Cette situation doit changer. Nous devons tenir la Chine pour responsable des pratiques commerciales prédatrices qui ont délocalisé nos industries et nos emplois. Nous devons délocaliser et externaliser davantage de chaînes de production de textiles et de vêtements de l'Asie vers les États-Unis et les partenaires commerciaux de l'hémisphère occidental".

Pour la représentante de la filière, il s'agit donc de miser sur une production locale et fiable. Et notamment dans des pays "qui adhèrent à des normes sociales et environnementales supérieures (à la Chine, ndlr)". Le rôle que pourrait jouer ici le Mexique, déjà fournisseur clef du textile-habillement américain, est ainsi suggéré. Le NTCO évoque le transfert de 10% de la production mondiale de textile-habillement vers les États-Unis et l'Amérique du Nord comme clef d'une verticalisation de toute la chaine de valeur.


Shutterstock



"En outre, l'onshoring et le nearshoring de ces chaînes de production critiques présentent des avantages remarquables pour l'environnement et répondent aux problèmes croissants, systémiques et alarmants liés au changement climatique", souligne le NCTO, qui représente une filière américaine qui pesait 530.000 emplois en 2020, et a exporté pour 64,4 milliards de dollars de textile-habillement l'an passé. Côté importations, les USA ont importé pour 111,6 milliards de dollars de textile-habillement sur les huit premiers mois de 2021 (+15,5%). La Chine, le Vietnam, l'Inde, le Bangladesh et le Mexique constituant ses principaux fournisseurs.

Cette montée du thème de la relocalisation dans le débat publique américain intervient dans une actualité difficile sur le marché de l'emploi, notamment industriel. Les emplois se sont en effet recrées de façon accélérée ces derniers mois, à la faveur d'une vaste campagne de vaccination. Mais les derniers chiffres montrent qu'il y avait encore au mois de juillet plus d'annonces emploi que de travailleurs disponibles. Une certitude de retrouver du travail qui s'est traduit ce mois-là par un taux de 2,7% de démissions, un record. Mais la situation tendrait actuellement à se résorber: l'indice du manque de salariés (nombre de travailleurs disponibles par rapport au nombre d'annonces) est ainsi passé de 5,5 en mai à 0,9 en juillet.

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