Passé dans le giron d’AMTD, L’Officiel veut élargir son horizon

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
8 déc. 2022

Sous pavillon hongkongais depuis début 2022, l’Officiel souhaite accélérer à l’international et s'ouvrir à d’autres secteurs. La famille Jalou, propriétaire du titre depuis les années 1960, a cédé, via sa société éditoriale Les Editions Jalou et avec son partenaire américain le fonds d’investissement GEM Group, l’ensemble de ses parts au conglomérat hongkongais AMTD. Parallèlement, elle a pris des parts dans ce groupe asiatique, tout en restant active dans l’historique journal de mode fondé en 1921, nous indique Benjamin Eymère, CEO de L’Officiel.

 
Représentant de la troisième génération Jalou à la tête du magazine, il endosse aussi le rôle de directeur de la division métavers (chief metaverse officer) du groupe AMTD. À ses côtés figurent, à d’autres postes clés, ses frères et sœurs. A l’instar de Vanessa Bellugeon rédactrice en chef de L’Officiel France, Jennifer Eymère, directrice de casting de L’Officiel et Ronald Bellugeon, qui en est le directeur de l’image et des défilés.
 
Basé à Hong Kong et à New York, actif dans la finance à travers une banque d’affaires et différents services fintech, mais aussi dans l’hôtellerie, le digital et l’éducation, AMTD vient de racheter également début novembre la maison de mode hongkongaise Vivienne Tam. Pour Calvin Choi, le fondateur du groupe désormais président aussi de L’Officiel, l’objectif est de faire jouer les synergies.

"Vivienne Tam et L’Officiel sont deux compagnies sœurs au sein du groupe. On va chercher à créer des liens. C’est assez innovant et inédit d’avoir sous la même ombrelle une marque et un groupe éditorial. Dans le fond, ce qui est devenu important pour les marques, c’est de créer du contenu", souligne Benjamin Eymère. Mais en dehors de la mode, sous l’égide de son nouveau propriétaire, L’Officiel veut aussi toucher d’autres univers. A l’occasion du Forum économique mondial de Davos, en janvier prochain, le titre va par exemple installer un pavillon pour y organiser des rencontres avec des acteurs de la tech, mode, joaillerie, horlogerie, etc., en publiant un numéro spécial.

Avec l’arrivée d’AMTD, le groupe éditorial semble avoir les épaules plus solides et bénéficie d'une véritable implantation en Asie, comme l'explique le patron de L'Officiel. "Nous sommes mieux financés. Nous sommes plus ouverts et nous avons désormais un accès très large en Asie. Présents dans les trois grandes régions Europe, Amérique, Asie, nous sommes l’un des groupes les plus puissants pour la mode et le lifestyle", estime-t-il, en annonçant pour l’an prochain le lancement de la nouvelle édition L’Officiel Hong Kong. A noter qu'en Chine, le titre est déjà présent à travers un partenariat local.

Les filiales opérées directement par le groupe sont six désormais. A côté de France, Italie, Etats-Unis et Brésil, se sont ajoutés en octobre les bureaux de Singapour et de la Malaisie, tandis que le groupe compte une vingtaine de franchises dans le monde. L’idée est d’intégrer les marchés les plus importants et de mettre en place "des critères communs pour l’ensemble du programme éditorial en renforçant les liens avec les partenaires locaux", tout en affichant un programme ambitieux avec le lancement d'ici à deux ans de nouvelles éditions "au Canada, Japon, Royaume-Uni, Suisse et Australie".

En un an, l’intégration avec AMTD a été finalisée, amenant l’Officiel à s’orienter vers une stratégie beaucoup plus digitale. "Nous sommes dans une logique de développer l’offre Web3, en termes d’audiences, réseaux sociaux et contenus digitaux, tout en rationalisant l’offre papier", détaille le dirigeant.

Enfin le cœur de l’activité s’est déplacé. Il ne s’agit plus seulement de vendre des pages de publicité dans un magazine, mais "de développer des accords de partenariats à long terme avec des clients importants, dans la mode, mais aussi dans la technologie et autres", conclut Benjamin Eymère. Une logique de partenariat touchant aussi bien la publicité, que les événements, conférences et contenus.